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14
Juin
2011

Analyse de la qualité de l'eau

Résultats du profil physicochimique dans la zone profonde de profondeur maximale du lac Rouge en juin et août 2010 avec la multisonde YSI mod. 6600

Travaux exécutés

Nous avons vérifié à deux reprises la physicochimie du lac Rouge au mois de mai et septembre 2010. Quatre paramètres ont été mesurés lors de nos visites : la température, l’oxygène dissous (O2), le pH et la conductivité.

 

Température et Oxygène dissous

La température nous indique que le lac était stratifié thermiquement lors de nos deux visites, c’est-à-dire que le lac avait une strate de température froide, brassée et plus chaude en surface (Fig. 1).

Ensuite, un paramètre très important est l’oxygène dissous, car il permet le maintien des organismes à respiration aérobie dans l’eau. La principale source d’ O2 dans l’eau du lac est fournie par l’air de l’atmosphère. À la fin mai 2010, le lac contenait un niveau d’ O2 minimum suffisant pour le maintien de la plupart des organismes aquatiques (>3mg/l O2) (Fig. 2). Cela indique que toute la colonne d’eau du lac s’est bien mélangée au début du printemps.

Par contre, les taux de O2 étaient sous cette valeur minimum (>3mg/l O2) à partir de 8 m de profondeur, lors de la visite du mois de septembre (Fig. 2). Cela s’explique par la respiration bactérienne lors de la dégradation de la matière organique et par la morphométrie du lac (profondeur moyenne/ superficie) dans cette zone d’eau froide isolée de l’O2 de l’atmosphère. Selon la littérature, des valeurs de O2 sous 3mg/l seront considérées comme de l’hypoxie et celles inférieures à 1 mg/l comme de l’anoxie. Cela est préoccupant dans compte tenu du projet de développement domiciliaire dans le bassin versant du lac, car un apport supplémentaire de matière organique ou de nutriments aura comme conséquence d’accentuer cette zone anoxique.

Deux espèces de poissons sportifs convoités, le touladi et l’omble de fontaine pourraient éprouver de la difficulté à survivre dans cet habitat, lorsque les conditions d’ O2 deviennent limitantes. Par exemple, le touladi requiert un habitat préférentiel ayant 5mg/l O2 et une température de 12 °C (Fig. 3).

Acidité de l’eau pH

Pour le pH, bien que l’on observe une légère baisse au mois d’août, les valeurs sont près de la neutralité avec une moyenne de 7,04 pour la saison estivale 2010. Donc, le lac Rouge contient une eau non acide.

Conductivité

La conductivité moyenne des lacs naturels dans la région du Bouclier canadien est entre 40 et 80 µs/cm. Elle donne une indication approximative de la concentration en ions (Ca, Mg, Na, K, bicarbonate, sulfate et Cl). L’unité de conductivité est en µ siemens/cm2. Cela représente la vitesse à laquelle un courant électrique se déplace dans un cm2. La conductivité du lac Rouge se situe dans la moyenne. Elle est cependant plus élevée près du fond au mois d’août. La valeur de conductivité au fond du plan d’eau est influencée par les conditions d’anoxie, dont la présence active les processus de relargage d’éléments comme le phosphore dans les sédiments.

Conclusion

D’après le rapport du suivi de la qualité de l’eau du lac Rouge en 2009 par le réseau de surveillance du MDDEP, le lac a été classé oligotrophe. Si l’on tient compte de la transparence et du profil d’ O2, le lac pourrait être facilement inclus dans la classe oligo-mésotrophe. Il faut donc être prudent avant de statuer sur l’état d’un lac et on doit considérer le plus d’indices possible. Par ailleurs, en vérifiant rapidement ces résultats, on peut voir que le taux de phosphore total (Pt) et de la chlo-a augmente à la fin juillet. Cela indique fort probablement un apport de nutriments venant des activités humaines durant la période estivale. Normalement, la plupart des lacs rechargent leur concentration de Pt au printemps lors du brassage printanier et vont la voir diminuer graduellement au cours de la période estivale, car le Pt est un nutriment essentiel à la prolifération des algues microscopiques.

Enfin, je suggère fortement de tenir compte des profils physicochimiques, particulièrement de l’ O2 dans la présentation des résultats de l’état trophique du lac Rouge pour les années à venir. Tout comme d’autres indicateurs de la qualité de l’écosystème lacustre, ils doivent faire partie d’une diagnose complète d’un plan d’eau. Il faut tenir compte de ces variables, qui fluctuent d’une façon temporelle et demeurent très utiles pour comparer l’évolution de l’état trophique du lac. Dans le contexte de biodiversité et de stabilité des écosystèmes, la protection des poissons aussi convoités et emblématiques de nos cours d’eau que l’omble de fontaine et le touladi est une question qui devrait être considérer par l’association des riverains du lac Rouge.

Mathieu Langevin, biologiste, Bsc.
Tél: 819-376-5011 poste 3377; 418 365-3260 (domicile)
Courriel : Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.

Figures

Figure 1. Température au mois de mai et septembre 2010 dans la zone de profondeur maximale au lac Rouge.

Figure 2. Concentration en O2 dissous au mois de mai et septembre 2010 dans la zone profonde du lac Rouge.

Figure 3. Zone d’habitat préférentiel pour le touladi et l’omble de fontaine mis en évidence (turquoise). Annexe Données brutes Carte de l’emplacement d’échantillonnage (position : N46°25'08.3'' W73°15'09.5'')

Auteur: admin

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